🔊 « Le Grand Rêve d’Isidore » premier documentaire consacré à Picassiette

La beauté dans le rebut, dans cette part d'imprévu... Petits bouts de verre, débris de porcelaine, vaisselle cassée, Raymond Isidore a su voir ce que les autres ne voyaient pas. Son Grand Rêve, c'est celui de son épouse. Rendre belle, leur petite maison de la rue du Repos.  « Toute cette décoration de la maison, ce n'était pas l'idée d'en faire un musée comme c'est le cas aujourd'hui. C'est un acte d'amour envers sa femme. Il a fait tout ça, pour elle. Le premier motif réalisé dans la maison, ce sont d'ailleurs des petites fleurs. Il voulait qu'elles soient entourées de fleurs » note le réalisateur.

Cette histoire, c'est Pawel Lisiak qui la raconte à l'écran. L’ex-normand, installé à Chartres depuis 2015, a découvert Raymond Isidore grâce à sa famille venue en visite et qui souhaitait découvrir ce monument unique.

« Le point de départ, c'est une émotion, celle de ma première visite, de cette maison Picassiette. J'ai tout de suite été happé, par l'esprit des lieux. C'est un peu comme entrer dans un récit de Lewis Carroll, Alice au Pays des merveilles, avec ce petit lapin qui traverse ce long couloir et qui arrive finalement dans un monde merveilleux. C'est ce qui s'est produit, ce jour-là pour moi » se souvient le quadragénaire.

Comme le facteur Cheval, Raymond Isidore a consacré 33 ans de sa vie, 29 000 heures de travail pour matérialiser sa vision onirique. Pour garder l'esprit de Picassiette, le réalisateur propose un film poétique. « J'ai imaginé le film à la manière d'un conte de fées avec un narrateur en voix-off. On entend cette fameuse introduction « Il était une fois ». Notre cher Raymond Isidore se réveille de nos jours dans la maison Picassiette. Comme il est décédé en 1964, il apparaît de manière fantomatique dans le logis de nos jours, et il va ensuite guider le spectateur dans sa visite aussi bien à l'intérieur de la maison qu'à l'extérieur » retrace Pawel Lisiak.

À l'écran ce sont Olivier Bohin, et Véronique Domagalski qui interprètent le couple Isidore. Le journaliste drouais incarne Raymond, avec simplicité. « Ce qui m'intéressait, ce n'était pas tant la ressemblance physique ni sonore au niveau de la voix. Ce qui m'a touché quand j'ai rencontré Olivier Bohin témoigne le vidéaste, c'est son regard sa gentillesse et sa tendresse, et son côté authentique. »

Un voyage dans l'esprit de ce doux dingue

Au-delà de sa légère ressemblance avec Picassiette, Olivier Bohin, passionné de cinéma se disait au moment du tournage en 2023 subjugué par le petit artisan de la rue du Repos. « On se prépare en lisant un peu son histoire, en s'immergeant dans ce personnage, en voyant un peu son caractère. Mais ce n'est pas de la copie, c'est une interprétation. Je ne suis pas Raymond Isidore sourit Olivier Bohin. On tire aussi au fond de soi-même des choses qu'on a et peut-être des choses en commun avec Raymond Isidore, bien modestement. Cette histoire m'a captivé. Et le film aussi dont la façon de l'aborder. C'était l'envie d'être à la hauteur de ce personnage qui est d'abord un coup de cœur pour cet homme que rien n'a arrêté » poursuit le journaliste.

Dans ce monde de mosaïques multicolores, véritable joyau d'art brut peuplé de motifs et de personnages merveilleux, proches, famille, artistes, experts, défilent derrière la caméra pour conter la vie de ce doux dingue. La première source d'inspiration de Raymond Isidore, c'est son esprit. Mais il s'est appuyé aussi sur des cartes postales, notamment pour reconstituer ou dessiner les nombreuses cathédrales qu'on peut voir sur les murs de la maison. Comme il ne pouvait pas voyager, il venait d'un milieu modeste, il voyageait à travers sa maison » raconte la réalisateur.

Un voyage de 52 minutes à vivre jeudi soir sur France 3. Le Grand Rêve d'Isidore, un documentaire inédit ICI Centre-Val de Loire est diffusé à 22h55 dans la case « La France en vrai ». C'est à voir aussi sur france.tv