🔊 Noyé sous les eaux, Gasville-Oisème s'interroge
Gasville-Oisème a été inondé le 20 août 2025 © Grégoire Bailleux
Gasville-Oisème reconnu en état de catastrophe naturelle depuis la parution de la décision dans le Journal officiel du 26 septembre 2025*. Le village proche de Chartres avait été inondé par des pluies diluviennes le 20 août dernier. Le maire s'inquiète des catastrophes à répétition pour son village après la tempête Kirk en octobre 2024 puis cet épisode pluvieux exceptionnel. Une réunion publique autour de ces habitants a été organisée.
Titre :Grégoire Bailleux s'inquiète des inondations à répétitions dans son village
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« On a eu des pluies records avec 105 mm d'eau enregistrées à la station de Chartres-Champhol et 130 mm à Gaville-Oisème. Ça a duré 9 heures, de 6 heures le matin à 15 heures environ. C'était un phénomène météo inédit et inattendu ». Grégoire Bailleux est le maire de Gasville-Osième. Il se souvient de ce 20 août 2025. Une pluie continue qui va d'abord inonder les chaussées, faire ruisseler les champs vides de culture. Il est 10 heures. Une heure plus tard, c'est la Roguenette, petit cours d'eau en fond de vallée qui sort de son lit. Les premières habitations sont touchées. « Il y a une vingtaine de propriétés touchées, à des degrés divers. Ça va des sous-sols, garages, et dépendances, jusqu'aux maisons d'habitation. Selon la manière dont on compte, on en recense entre trois et cinq, pour certaines l'eau est passée à travers les murs, via le ruissellement, et d'autres où il y a vraiment de l'eau de débordement de rivières qui est arrivée dans la maison. Mais surtout, ce qui nous a interpellés, c'est que ce sont des maisons qui n'avaient jamais été inondées. Il y a eu dix rues fermées à cause des pluies, dont certaines n'avaient jamais été fermées d'habitude » s'étonne encore l'édile.
L'A11 obsolète pour gérer ses eaux de pluie ?
« La Roguenette faisait 20 à 25 m de large. C'est vraiment impressionnant »
La petite rivière en contrebas du village était méconnaissable décrit le premier magistrat. « La Roguenette, c'est une petite rivière qui d'habitude fait 2 à 3 m de large et quelques décimètres de profondeur. Là, il y a des endroits où elle avait repris tout son lit naturel et elle faisait 20 à 25 m de large. C'est vraiment impressionnant avec des hauteurs d'eau dépassant par endroits les 2 mètres . »
À un kilomètre à vol d'oiseau du village, l'autoroute A11 est aussi sous les eaux. Des centaines de voitures sont coincées tout près de repos de Chartres-Bois-Paris. L'eau saumâtre qui stagne sur les voies est pompée pour être rejetée dans un ruisseau long de 1.200 mètres en amont de La Roguenette. Un phénomène aggravant selon l'élu mais la pas la cause principale de l'inondation. « Le tronçon de l'A11 près de Chartres (Eure-et-Loir), c'est une autoroute ancienne qui a été construite dans les années 60 avec les normes de l'époque, et notamment avant la loi sur l'eau. C'est-à-dire que globalement, ce n'est pas une autoroute qui a été construite avec pour objectif de gérer et capter ces eaux pluviales. Les bassins de rétention qu'on trouve près de Gasville-Oisème sont sous-dimensionnés. »
Quatre inondations en dix ans
Depuis 2020, l'élu se bat pour obtenir de la préfecture un plan de préventions des risques inondation, le seul outil à l'échelle intercommunal pour agir. Et il y urgence face aux intempéries qui se multiplient. « Ça fait quatre fois, ces dix dernières années qu'on est inondés de plus en plus fort. Il y a eu 2016, il y a eu 2018, là 2024 et 2025. Et à chaque fois, on franchit des caps. Maintenant, il faut des réponses. Quand une personne a été inondée deux fois en dix mois et que son assureur commence à lui dire « Bon, ça suffit parce que les indemnisations, etc., ça fait trop » le risque, on le sait, c'est d'un jour ne plus être assuré, il faut vraiment des réponses » tance le maire.
« De quelle manière un risque qui n'a pas été mentionné, qui n'a pas été quantifié, pourrait-il être pris en compte ? »
Une maison inondée par les eaux de pluie © Grégoire Bailleux
Une situation qui interroge l'élu et ses habitants. 227 sur 600 ont signé une pétition pour comprendre les causes de cette inondation alors que la commune figure sur le tracé de la future A154. « Si on regarde l'étude d'impact qui a été faite il y a dix ans, en 2015-2016, pour le projet autoroutier A154, cette étude d'impact pour le risque d'inondation dans notre secteur ne prend en compte que les PPRI. C'est-à-dire qu'il il prend en compte le PPRI de la vallée de l'Eure mais la vallée de la Roguenette n'est pas recensée. Je pense qu'on peut être légitimement inquiet par rapport à ce qu'on peut considérer comme un vide dans le projet A154, c'est-à-dire de quelle manière un risque qui n'a pas été mentionné, qui n'a pas été quantifié, pourrait-il être pris en compte ? » interroge encore l'édile.
*Quatre communes d'Eure-et-Loir sont concernées : Coltainville, Fontaine-la-Guyon, Mainvilliers, et Saint-Prest.
Publié : 6h51 par Christophe BLONDEL
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