🔊 Portables en prison : Un détenu de Châteaudun multiplie les « lives » sur TikTok

Il s’affiche fièrement, sans retenue, sur TikTok. Anouar K. détenu au centre de détention de Châteaudun (Eure-et-Loir), est habitué des « lives » sur les réseaux sociaux. Depuis sa cellule, il parle directement avec ses nombreux abonnés sur ces différents profils. L'un en totalise plus de 33 000, un second près de 20 000. Dans ces vidéos, le détenu raconte ses aventures et ses contrats qu’il dit avoir « exécutés ». « Le déjanté », son surnom, s'exhibe même de manières répétées. « C'est une catastrophe, ce qui se passe avec ce fameux tiktokeurs, s'alarme Manuel Caillet-Breillet, délégué régional SPS. Il s'exhibe et puis il donne rendez-vous dans son live à la mi-décembre donc on imagine bien que quand il sortira du quartier disciplinaire, il se fera livrer un nouveau téléphone. C'est un peu flippant non ? », s'agace ce surveillant à Châteaudun.

« Quand il sortira du quartier disciplinaire, il se fera livrer un nouveau téléphone. C'est un peu flippant non ? »

Pour détention de téléphone, découvert « le 26 novembre, ce détenu condamné pour vol par ruse, vol avec violence, violences conjugales, avec une fin de peine en 2029 est passé en commission de discipline, mercredi 3 décembre 2025. Il a écopé de 20 jours de quartier disciplinaire » communique la Direction interrégionale des services. « Des découvertes sanctionnées systématiquement par du quartier disciplinaire » assure l'administration pénitentiaire. Le parquet de Chartres a été saisi, et sa peine pourrait se voir être alourdie. Frédéric Chevallier, le procureur de la République confirme que les faits ont été portés à sa connaissance et qu'ils « font l’objet actuellement d’investigations judiciaires. »

 « Depuis 20 ans, on nous dit que les portables en prison, comme les stupéfiants, c'est un moyen de réguler la paix sociale. »

« Depuis 20 ans, on nous dit que les portables en prison, comme les stupéfiants, c'est un moyen de réguler la paix sociale. Et aujourd'hui, ce n'est plus le cas il ne faut plus de portables de détention. On va lutter contre ça. Je fais ce qu'on me demande de faire. J'applique la loi. Si la loi me dit que dorénavant non seulement c'est interdit et pas toléré, on fera en sorte que ça n'existe plus » plaide le magistrat.

Des téléphones livrés directement par drones

Des smartphones qui entrent trop facilement en prison, et ceux malgré les fouilles XXL, « Zéro portable » lancées, il y a quelques semaines, par le ministre de la Justice Gérald Darmanin. Trente-huit centre avaient été passé au peigne fin. Deux mille quatre cents détenus ont été fouillées et cinq cents portables retrouvées, selon un premier bilan intermédiaire.

« Le phénomène des drones à Châteaudun, c'est régulier, c'est redondant, cette nuit encore, on a eu des drones qui sont venus. »

« Récemment il y a eu deux cellules visées. Cinq portables ont été découverts, c'est presque une cellule sur deux, c'est énorme » insiste le syndicaliste. Des téléphones qui entrent par notamment par les airs dans le centre de détention dunois. « Le phénomène des drones à Châteaudun, c'est régulier, c'est redondant, cette nuit encore, on a eu des drones qui sont venus, et qui ont été interceptés. Mais combien ne le sont pas ? » questionne Manuel Caillet-Breillet.
Le surveillant dénonce aussi l'article 57 de la loi pénitentiaire qui interdit les fouilles systématique des détenus qui ont un contact avec des personnes extérieures. Il réclame aussi des moyens humains supplémentaires. « Le zéro portable, c'est utopique, mais ça a le mérite d'exister avoue le surveillant de Châteaudun. Il faut plus de moyens humains. Il manque des surveillants. C'est un mal national, puisque il y aurait plus de 6500 postes vacants. »

« Le zéro portable, c'est utopique, (...)  il faut plus de moyens humains. Il manque des surveillants. »

À Châteaudun, trente postes de surveillants seraient à pourvoir sur un total de cent-soixante effectifs, pour six cents détenus. « C'est deux équipes » compte amèrement le syndicaliste. Un dossier auquel devra s'atteler le nouveau directeur du centre de détention de Châteaudun. Abélard Ndombi a pris ses fonctions officiellement le 1er décembre 2025 et succède à Ruddy Francius qui occupait ce poste depuis août 2024.

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