🔊 « On en a marre » une atmosphère brûlante lors de la mobilisation agricole à Chartres

Du fumier et des bottes de paille enflammées, des amoncellements de terre et de palette déversés devant la préfecture à Chartres. Des scènes rares, mais à l'image de la colère agricole qui gagne la France. Un sentiment de « détresse et de ras le bol » a été exprimé par une cinquantaine de personnes, agriculteurs et sympathisants, alors que depuis le mois de juin 2025 le ministère de l'Agriculture fait le choix d'une politique d'abattage systématique des troupeaux touchés par la dermatose nodulaire. Et, sur place un scenario plus rare encore : une convergence des syndicats agricoles.

Sur la question de cette épizootie qui touche les élevages – pourtant « faiblement contagieuse entre animaux » et et qui n'est pas transmissible à l'être humain – le gouvernement avance une décision prise en concertation avec le monde scientifique. Pourtant, face à ces justifications, certains consortiums d'agriculteurs et de vétérinaires s'étouffent en constatant que le France et le seul pays européen à préconiser et à pratiquer l'abattage complet des élevages. Des élevages qui sont le fruit « de dizines d'années de travail pour les exploitants, parfois c'est une race et des spécimens sélectionnés depuis 40 ans. C'est des générations, c'est de la génétique. Et tout disparaît comme ça » déplore les larmes aux yeux Aurélie Hallain, la présidente de la Coordination Rurale 28.

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La syndicaliste et agricultrice céréalière expose fermement que « en Espagne et en Italie, quand une bête est atteinte de la DNC [la Dermatose Nodulaire Contagieuse, ndlr] on l'a met de côté et on l'abat. Mais on abat tout un troupeau. On les met en quarantaine, on attend que ça passe, on avise... On abat tout un troupeau sain ! »

« Quand on voit que les autres pays arrivent à gérer et que nous on est complètement dépassés... Parce qu'il faut savoir qu'il n'y a pas assez de vaccins en France pour vacciner tous les bovins. »

Les bonnets jaunes troqués contre les drapeaux tricolores ?

La présidente de la Coordination Rurale d'Eure-et-Loir s'est dite prête « à poser par terre son bonnet floqué « CR28 » pour manifester en citoyenne, habillée de bleu, blanc, rouge aux côtés de tous les syndicats. » Une réaction rare, faisant suite à la venue d'exploitants non-syndiqués, des JA28 ou même de la Confédération Paysanne. Amandine Dupuis, de la « Conf' » et agricultrice estampillée bio à Challet « notre syndicat aussi appelle aux blocages, même si on a habituellement pas les mêmes méthodes d'actions » ni, il faut le souligner, les mêmes pratiques agricoles. Mais pas de divergence ici, au contraire une convergence des luttes : « Qu'on soit en conventionnel ou en bio on en a marre. »

« L'élevage français a subi bien des revers depuis de nombreuses années, notamment pour obliger des petits élevages à subir et appliquer les normes des industriels, et c'est fou. Je crois qu'on ne se rend pas compte du travail des éleveurs. Je crois que l'heure est très grave, oui... On ne se sent pas soutenus. Qu'on soit en conventionnel ou en bio on en a marre. »

Face à la mobilisation agricole nationale, le gouvernement a décidé de rester sur sa position et de forcer les éleveurs à abattre systématiquement tout leur bétail bovin dès la détection d'un seul cas de Dermatose Nodulaire Contagieuse.

Certains agriculteurs ont poursuivi ce mouvement social en bloquant l'accès à la gare de péage de Chartres sur l'autoroute A11 dans les deux sens de circulation. « Le gestionnaire Cofiroute assure la sécurité des usagers et le nettoyage du site. Par ailleurs, la circulation s'effectue partiellement sur les voies au niveau au niveau de la gare de péage et dans les deux sens » a communiqué Bison Futé à 20h00.