Donner la parole aux auteurs de violences conjugales, le parti pris de Léa Ménard dans "Les Mots du Mâle"
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Depuis la journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes qui s’est déroulée le 25 novembre dernier, les actions pour soutenir ces femmes victimes, se multiplient. Mobilisations, temps de sensibilisation mais également… projections. C’est ce que propose la journaliste Léa Ménard ce soir, au cinéma de Chartres : la projection en avant-première de son film documentaire “Les Mots du Mâle”. 52 minutes durant lesquelles, la journaliste-réalisatrice s'intéresse à la lutte contre les violences faites aux femmes en donnant la parole à ces auteurs. Intervie
Bonjour Léa Ménard, vous êtes aujourd'hui journaliste indépendante spécialisée dans l'enquête et le documentaire. Comment vous est venue l'idée de réaliser ce film, sur ce thème et avec cet angle ?
"La thématique des violences, en particulier les violences sexistes et sexuelles, c'est tout un ensemble de choses auxquelles je m'intéresse depuis plusieurs années, sous différentes formes. Ça a toujours été un sujet un peu de fond que je suis depuis longtemps."
Pourquoi avoir décidé de l'axer sur les auteurs de violences conjugales plutôt que sur les victimes, ce qu'on voit beaucoup plus généralement dans les documentaires ?
"J'ai choisi de m'intéresser à la prise en charge des auteurs de violences conjugales parce que je trouvais que c'était essentiel de s'intéresser à ce problème qui concerne tout le monde, pas que du côté constat. Le constat, c'est évidemment malheureusement le nombre de féminicides qui reste très important chaque année. Je m'inscris aussi dans cette démarche de journalisme de solution : dépasser le constat et voir ce qui est déjà mis en place pour le résoudre."
Est-ce que vous avez eu des difficultés pour récolter ces témoignages, pour recueillir la parole de ceux qu'on ne soupçonne que trop rarement ? Vous le disiez hier (mardi 25 novembre 2025) sur le plateau de France 3, ces hommes-là, ce sont des “monsieur tout le monde.”
"Ça n'a pas été évident. Après, une fois que le lien de confiance a été créé, ça a été beaucoup plus simple. Ils ont souvent le sentiment de ne pas du tout avoir eu leur mot à dire dans tout leur parcours, notamment avec la justice. Ça a été principalement ça l'enjeu."
Est-ce que vous en avez trouvé d'autres, des points communs entre ces hommes ? Notamment dans leur prise de parole, aussi bien dans le fond que dans la forme ?
"C'est des personnes qui se sentent victimes, donc qui vont beaucoup se victimiser dans leur discours. Ce sont également des hommes qui vont souvent avoir une défiance à l'égard de leur ex-conjointe, et même parfois les femmes en règle générale. Il y a beaucoup de colère, beaucoup de ressentiment. Ensuite, ça se complexifie dans leur prise de parole, où ils vont parfois reconnaître les choses, mais toujours en trouvant un contexte pour justifier leur acte. Ce qui m'a le plus marqué, c'est que la plupart ne sait pas identifier ce qu'est réellement une violence. Parfois, le point de départ n'est pas bien clair pour eux. Alors que, proférer des menaces ou vouloir exercer une forme de contrôle sur leur conjointe, c'est déjà de la violence. Mais ce n'est pas des choses très maîtrisées et très claires pour un certain nombre d'entre eux."
Combien de temps les avez-vous suivis ces hommes, à travers ces dispositifs du processus judiciaire déployés dans la région ? Et de quels dispositifs parle-t-on précisément ?
"Concernant le centre de prise en charge des auteurs de violences conjugales, là, j'ai suivi un groupe de parole pendant plusieurs mois, plus ou moins toutes les deux semaines. J'ai aussi suivi un autre dispositif qui est assez innovant, c'est le “PAV-F”, programme d'alternative aux violences familiales. C'est un programme qui a été adapté en France, mais qui vient du Canada. C'est le service pénitentiaire d'insertion et de probation de Blois qui l'expérimente dans la région. C'est un programme qui se déroule entre quatre et six mois. Ce n'est pas exactement la même dynamique que les groupes de parole, mais ça se complète bien. Et j'ai suivi aussi un endroit qui s'appelle "La Parenthèse" à Tours, où les auteurs sont en contrôle judiciaire avec placement probatoire. C'est-à-dire que dans cette logique-là, ce n'est pas à la victime potentielle de quitter le domicile conjugal, mais à l'auteur qui fera bientôt face à la justice. La stratégie, c'est de ne pas attendre qu'il y ait le passage au tribunal pour déjà faire un travail de sensibilisation."
Et enfin, est-ce que le volet thérapeutique rend vraiment ces auteurs de violences conjugales acteurs de leurs propres changements, selon vous ?
"Ce qui rentre beaucoup en jeu dans ces différentes manières de les accompagner, c'est le rôle souvent qu'a le groupe. L'idée, c'est qu'avec cette forme de libération de la parole, ça peut être un peu déroutant, mais on utilise finalement les mêmes termes que quand on parle de victime, c'est le partage d'expériences, leur partage de vécu, le fait de dire ce qui leur paraît eux leur vérité, ça peut les amener aussi à prendre conscience en entendant les autres que là où ils vont être dans un déni pendant un certain laps de temps, ça va pouvoir évoluer. On va peut-être avoir l'espoir que les choses se changent petit à petit. Probablement que ça ne marche pas sur tout le monde et pas de façon... Voilà, il n'y a rien de magique. Mais à priori, il y a quand même beaucoup plus de chances qu'il y ait des changements de cette manière-là que lorsqu’on les envoie uniquement faire des peines de prison. Il ne faut pas s'intéresser uniquement aux victimes, même si c'est essentiel. Il faut aussi travailler à ce qu'il n'y ait pas de nouvelles victimes."
Merci Léa Ménard. On vous retrouve ce soir à partir de 19h30 pour l'avant-première au cinéma "Les Enfants du Paradis" de Chartres. L'entrée est libre et gratuite, sous réserve des places disponibles. Autrement, votre film-documentaire sera diffusé le 4 décembre prochain à 22h50, sur France 3 Centre-Val de Loire.
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